Biélorussie : déclaration de M. Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au nom de l’Union e uropéenne, sur le premier anniversaire de l’élection présidentielle frauduleuse qui s’est tenue le 9 août 2020 en Biélorussie - Communiqué du Conseil de l’Union européenne (Bruxelles, 8 août 2021) [be] [ru]
Le 9 août 2020, le peuple biélorusse a vu brutalement anéantis ses espoirs d’élire un dirigeant légitime à la tête du pays.
Depuis lors, les citoyens biélorusses se sont mobilisés courageusement et sans relâche en faveur du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Ils ont réclamé la tenue de nouvelles élections, qui soient démocratiques. Ils ont manifesté pacifiquement leur opposition au non-respect, par le régime Loukachenko, de l’état de droit et des engagements internationaux de la Biélorussie, ainsi que de ses obligations en matière de droits de l’homme, dont fait état le rapport sur les allégations de violations des droits de l’Homme en lien avec l’élection présidentielle du 9 août 2020 en Biélorussie, rédigé par Wolfgang Benedek et élaboré conformément au mécanisme de Moscou de l’OSCE.
Un an plus tard, leur revendication est toujours sans réponse. Le régime de Loukachenko a pris des mesures répressives à l’encontre de sa propre société, ne cessant de creuser le fossé qui le sépare du peuple biélorusse. Des représentants de l’opposition et des forces pro-démocratiques ainsi que des milliers de citoyens de toutes les composantes de la société sont morts dans des circonstances peu claires, ont été arrêtés ou ont été contraints de quitter le pays et de vivre en exil.
Le régime de Loukachenko a lancé une campagne bien orchestrée de répression et d’intimidation à l’encontre de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme, ainsi que la destruction systématique des organisations non gouvernementales et des médias indépendants, dans le but ultime de réduire au silence les dernières voix indépendantes et de supprimer l’espace dévolu à la société civile dans le pays. La communauté polonaise de Biélorussie est elle aussi devenue une cible de cette politique. Les détentions arbitraires et non fondées, les persécutions injustes, y compris la négation du droit à un procès équitable, et des centaines de cas avérés de torture se poursuivent dans un climat d’impunité.
Avec l’atterrissage forcé et illégal du vol 4978 de Ryanair à Minsk le 23 mai dernier et l’instrumentalisation de migrants vulnérables à des fins politiques, le régime a encore fait fi des règles internationales.
De concert avec des partenaires partageant les mêmes valeurs, l’UE a fait entendre sa voix et s’est montrée unie en appelant le régime de Loukachenko à mettre un terme à ses pratiques répressives. Dans le droit fil de son approche progressive, l’UE se tient prête à examiner de nouvelles mesures à la lumière du non-respect flagrant par le régime de ses engagements internationaux. Le seul moyen de mettre fin à la crise politique réside dans un dialogue national ouvert à tous.
Une levée des sanctions de l’UE ne sera possible que lorsque les autorités biélorusses souscriront pleinement aux principes de la démocratie et de l’état de droit, respecteront leurs obligations en matière de droits de l’homme et cesseront toute répression. Le régime devrait libérer et réhabiliter sans condition les plus de 600 prisonniers politiques et s’engager dans un processus politique sérieux, crédible et inclusif débouchant sur des élections libres et régulières sous l’observation de l’OSCE/du BIDDH.
L’UE est déterminée, une fois que la Biélorussie se sera engagée dans une transition démocratique, à l’aider à stabiliser son économie, à réformer ses institutions afin de les rendre résilientes et plus démocratiques, à créer de nouveaux emplois et à améliorer le niveau de vie de sa population, notamment au moyen d’un plan global de soutien économique à une Biélorussie démocratique d’un montant pouvant atteindre 3 milliards d’euros, dont les grandes lignes ont été publiées le 28 mai par la Commission européenne.
L’UE reste unie dans la poursuite de son soutien au peuple biélorusse, notamment en apportant une aide d’urgence aux victimes de l’oppression et aux médias indépendants et une aide humanitaire à la population civile. L’UE continuera également de soutenir les initiatives internationales visant à ce que tous les coupables rendent compte de leurs actes, y compris par l’intermédiaire du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et de la plateforme internationale de reddition des comptes pour la Biélorussie.
L’UE continuera de soutenir une Biélorussie démocratique, indépendante, souveraine, prospère et stable. Les voix et la volonté du peuple biélorusse ne seront pas réduites au silence./.